INTERVIEWS : JIMMY PAGE IN THE LIGHT AGAIN
Dernière mise à jour : August 08 2003 16:25:18





JIMMY PAGE IN THE LIGHT AGAIN - CROSSROADS MAI 2003
[ http://www.banditscompany.com ]
Interview : Benoit Pascal


Comment Avez-vous procédé pour sélectionner ce qui figure sur le dvd ?

JP: Nous avons réussi à acquérir les images du show du Royal Albert Hall, processus qui avait été en flottement pendant quelques temps, car nous n'arrivions pas à définir qui en détenait les droits. Nous pensions qu'ils étaient détenus par une personne avec laquelle nous travaillions, mais ce n'était pas le cas en réalité. Je savais que nous avions enregistré au moins huit morceaux de la soirée et c'est pourquoi nous voulions acquérir ces séquences. En fait, j'avais visionné ces huit morceaux à l'époque de Coda et j'avais fait une version de We're Gonna Groove avec des overdubs de guitare, mais la chanson provenait bien en réalité du Royal Albert Hall. Je savais donc que cela existait et je pensais en les recherchant que ces séquences se trouvaient dans une partie d'un énorme centre d'archives ou étaient conservés celles de Led Zeppelin, dans un immense batiment près de l'aéroport de Londres. J'étais d'ailleurs en train de faire l'inventaire de nos archives pendant que le film Harry Potter y entrait. Vous pouvez ainsi facilement imaginer à quoi cela ressemble : un batiment massif et gigantesque. J'ai donc réalisé que certains enregistrements étaient éparpillés sur deux voir trois comptes différents et qu'il y avait toujours des boites manquantes. Une personne dont le nom est Dan et qui était un fan nous a dit qu'il avait vu des d'auters endroits des enregistrements de Led Zeppelin et donc, avec son aide, j'ai pu accumuler tout ce qui concernait Led Zeppelin : l'audio ainsi que les bobines et les inédits de The Song Remains The Same du Madison Square Garden, la vidéo d'Earl's Court, et enfin la vidéo de Knebworth. En fait il y a peu de documents sur Led Zeppelin, mais on a préféré penser que le verre était à moitié vide plutôt qu'à moitié plein : nousa vons continué le processus avec ce que nous avions et avons vérifié si l'état des bandes nous permettait l'exploitation de celles-ci. Nous les avons toutes placées dans un four, ce qui est un des procédés pour les protéger, avant de les sauvegarder sur un ordinateur. Les bandes magnétiques ont dû être complètement nettoyées. Nous disposions pour Knebworth d'un format spécifique de bande (2 inches) et il n'existait en Angleterre qu'une seule machine capable de le lire. Nous avons donc du aller en Allemagne pour visionner ça. Il y a sur le premier DVD le concert de Royal Albert Hall en version plus ou moins complète. Nous avions également joué Since I've Been Loving You ce jour-là, mais cela n'a pas été enregistré, ce qui est vraiment dommage. De même, à Knebworth, nous avions joué Ten Years Gone le premier week-end et cela aurait été bien si nous avions pu l'exploiter. J'avais une copie de la vidéo que je possédais, je trouvais que ce n'était pas mal du tout, et je pensais que ce serait bien de l'avoir sur le DVD. Malheureusement, quand j'ai récupéré la video originale, j'ai découvert que la cassette s'arrêtait au milieu du morceau pendant le solo et ne reprenait qu'à la fin : c'est le genre de choses qui se sont produites ...

Quel était l'aspect le plus important pour vous ? La qualité du l'image, du son, ou celle du concert ?

JP: En 1980, quand John Bonham nous a quitté, je voulais faire un album live chronologique. Mais en 20 ans, la technologie a beaucoup évolué : les gens possèdent dans leur salon non pas un simple lecteur de DVD, mais aussi le surround. La technologie est telle qu'elle appelait à cela. Notre époque est donc le bon moment pour sortir ce DVD : l'image digitale apporte une grande netteté à toutes ces archives. C'est le concept que j'ai adopté dès le premier jour. Par exemple, nous avions des séquences de nous en train de marcher en coulisse et la caméra nous suivait alors que nous montions sur scène. J'ai alors pensé que cela serait formidable d'avoir le son surround sur cette séquence en particulier : lorsque la caméra apparait sur la scène, vous êtes alors sous le dôme sur Royal Albert Hall et le son surround vous encercle.

Pourquoi avez-vous mis de côté les séquences de 1977 ? C'était pourtant votre tournée la plus importante et, de plus, certains show ont été filmés...

JP: Je pense que notre tournée de 1977 est probablement, en dehors de nos débuts, la meilleure qu'on est faite. Les images que j'ai vues de cette tournée sont vraiment très excitantes. Mais nous ne possédions qu'une copie de Seattle de mauvaise qualité et qui avait souffert de l'usure du temps. Cette vidéo est d'ailleurs sortie en pirate. Mais le fait que n'avons jamais vraiment enregistré la tournée de 1977, car Robert a perdu son fils à ce moment là et donc, la tournée a été annulée. Sur le DVD, à partir du menu, nous avons tout de même placé en bonus surprise The Song Remains The Same de 1977. C'est une version utilisant toutes sortes d'images que nous avons assemblées : cela donne un montage inédit, même si certaines parties ne le sont pas, car les vidéos des bootlegs sont disponibles partout (rires) !

Ne regrettez-vous pas aujourd'hui la politique de Led Zeppelin qui, à l'époque, refusait souvent d'être filmé, comme ce fut le cas au festival de Bath en 1970 ? De ce fait, il existe peu de documents professionnels sur le groupe.

JP: C'est n des points que j'essayais d'expliquer tout à l'heure. A cette époque, il faut considérer la façon dont le groupe devait assurer la promotion d'un album. Je pense tout particulièrement au premier. On avait recours à la radio, au moins en Angleterre où il y avait quelques programmes dans lesquels on pouvait passer. On allait en studio avec d'autres invités, on enregistrait et ils le diffusaient en tranches dans un programme. Ensuite, il y a eu John Peel in Concert que nous avons été les premiers à faire. Nous n'étions pas les seuls à penser que notre musique ne convenait pas au format radio. Avec John Peel c'était bien, c'était dans les conditions du live et retransmis après tel quel. Le reste de ce qui se passait en radio, c'était le top 20 et, bien sur, on n'avait rien à voir avec ça ! Il y avait bien la télévision, mais nous ne faisions pas de single et ne rentrions pas dans le moule non plus. Il n'y avait donc pas, pour nous, de raison d'être filmés. De plus, cela coutait très cher. Le Royal Albert Hall était une tentative de documentaire auquel nous avons finalement renoncé. Par la suite, il s'est écoulé une longue période avant que nous ayons une raison d'être filmé, et cela a donné le film The Song Remains The Same. Par conséquent, il n'y a pas eu de séquences à trier en dehors de quelques documents pirates. Quant aux show d'Earl's Court, ils ont été filmés pour être projetés sur écran géant et le résultat est tout à fait étonnant. Pour ce qui est du festival de Bath, je vais vous dire ce qui s'est passé : ils sont venus et j'ai vu qu'ils ont filmé, mais quand la nuit a commencé à tomber, le film s'est assombri aussi. Ils n'avait pas amené une pellicule qui convenait pour filmer la nuit. Ils vait donc le droit de filmer mais cela n'a pas été possible !

Pourquoi avoir écarté cette longue version de Dazed & Confused d'Earl's Court 1975, si représentative de Led Zeppelin à l'époque ?

JP: Il faut bien comprendre que les images proviennent d'une projection sur écran derrière la scène. Le nombre d'angles est limité, nous n'avions que le montage réalisé le soir même, et celui-ci était constitué de plans rapprochés destinés a être projetés au public. C'était vraiment un problème, de prendre le meilleur de chaque show, ce qui en donnait une juste représentation, et de montrer comment le groupe grandissait et évoluait. Du fait de ce nombre limité de caméras et de la longueur du morceau, je ne pense pas qu'on pouvait garder cette version de Dazed & Confused et, par égard pour ce titre, je ne voulais pas non plus commncer à le couper radicalement.

Est-ce le DVD définitif de Led Zeppelin ou peut-on espérer un deuxième volume dans le futur ?

JP: Non, il n'y aura pas de deuxième volume. Nous avons mis dans ce DVD ce que nous avions. Je vais vous donner un exemple de choses que nous avons ratées à l'époque. En fait nous avons enregistré Earl's Court pour nous mêmes ; il n'y avait absolument aucune idée de l'utiliser un jour. Ce n'était pas du tout l'intention, juste un enregistrement indicatif, probablement de la console son à l'époque. Quand j'ai réécouté les bandes, je me suis aperçu que la grosse caisse n'avait pas été enregistrée lors de la deuxième des trois soirs que nous avons enregistrés. L'enregistrement de la piste a été interrompu car il y avait beaucoup trop de problèmes. En fait seul le dernier soir a été enregistré raisonnablement bien. C'est le problème de la production, Benoit, on ne peut pas être à deux endroits à la fois pour tout diriger (rires) !...

En ce qui concerne le triple CD, votre choix s'est arrêté sur deux shows de 1972, alors que vous aviez un nombre important de bandes à votre disposition. Considérez vous que Led Zeppelin était alors au sommet en tant que groupe de scène ?

JP : Je ne sais pas si c'était le sommet. Pour moi les concerts de 1977 ont une sorte de maturité, d'agressivité, de mystère, de profondeur ténébreuse... Il se peut que ça ait été le sommet pour moi, mais en 1972, on est parti en Amérique et on a foncé. J'ai pensé que nous devions enregistrer les shows sur la côte Ouest. On a appelé Eddie Kramer, car j'avais pas mal travaillé avec lui et je savais qu'il ferait du bon boulot pour nous à la console ; je n'avais pas tort. Un aspect intéressant de ces shows est ce bourdonnement qu'on entendait dans l'auditorium avant que nous montions sur scène. Ce son inquiétant provient d'une guitare acoustique et il est dans la même tonalité que le premier morceaux : il avait un impact énorme, quel que soit le morceau en question. C'était fantastique ! Chaque membre de Led Zeppelin jouait au top. Robert pouvait faire ce qu'il voulait de sa voix, chacun était canalisé et ça devenait une sorte d'entité supérieure. C'était incroyable. Honnêtement, j'en parle avec beaucoup d'enthousiasme. Mais, en vérité, j'ai transféré, à l'occasion de ce projet, tous les enregistrements live que nous avions et il n'y en a pas beaucoup plus, vraiment.

Vous semblez peu enclin à publier des morceaux inédits ou au moins des versions différentes de titres connus, pourquoi ?

JP: Je voulais faire un album chronologique live en 1980, et j'ai également toutes ces versions différentes. Par exemple, j'ai toujours ces mixages inédits du quatrième album qui ont été réalisés au SunSet Sound initialement. Vous avez probablement entendu >When The Levee Breaks et Four Sticks qui sont sortis il n'y a pas si longtemps et vous avez donc une idée de la qualité de ces mixages. J'adorerais les sortir vraiment, sous réserve qu'elles soient bonnes, mais je sais que nous avons véritablement des choses intéressantes : notamment une version de When The Levee Breaks, avec le guide vocal original qui est réellement renversante. L'arrangement vocal est totalement différent., dans une tobalité complètement différente également. Je voulais sortir ces autres versions, mais pour être honnête avec vous, il n'y a pas beaucoup d'enthousiasme de la part des autres membres du groupe à ce sujet. Je ne vais pas préparer quelque chose pour découvrir au final que l'un des autres n'est pas d'accord.

Maintenant que votre travail sur le DVD et le CD est terminé, peut-on espérer un nouveau projet créatif de votre part ? Comme un album solo par exemple ?

JP: Oui, je ne suis pas encore tout à fait sûr, mais j'ai trois ou peut-être même quatre idées très positives en projet. D'abord je vais laisser passer les vacances d'été parce que je dois m'occuper de mes enfants. Ensuite, je vais sûrement me décider à savoir dans quelle direction je veux aller parce qu'une fois que vous êtes engagés dans un projet, quel qu'il soit, ça prend à peu près deux ans avec les tournées, la promotion et tout le reste. Je pense qu'un de ces projets sera très inhabituel, donc nous verrons. Espérons que je pourrais réaliser tout ça pendant mes vieux jours (rires) !

Que pensez-vous des deux albums solo de John Paul Jones ? Seriez-vous prêt à retravailler avec lui ?

JP: Travailler avec John Paul Jones ne me pose aucun problème. Je pense qu'il s'en est trsè bien sorti avec ses albums solos.

Pour conclure, je sais que vous collectionnez les albums pirates. Qu'avez vous pensé de la sortie récente de tous ces CD en excellente qualité soundboard ?

JP: J'ai entendu celui d'Orlando, Orlando Magic ou quelque chose comme ça. Vous le connaissez, celui-là ? Entre chaque solo, je sors des riffs que je ressentais et que je jouais. Je n'arrive pas à y croire : ce sont de très bons riffs. C'était l'inspiration du moment : stupéfiant ! C'était amusant à écouter : chaque soir était différent, c'était çà la beauté de Led Zeppelin.