INTERVIEWS : JOHN PAUL JONES - HOW THE WEST WAS WON
Dernière mise à jour : August 08 2003 16:25:19



John Paul Jones - How The West Was Won
Par Romain Decoret [ de Guitarist je crois : photocopies d'un proche ]

Que penses-tu personnellement de ce double DVD qui contient plus de 5 heures de musique live ?

JPJ : C'est fantastique ! Je ne pensais pas qu'il y aurait autant d'images de Led Zeppelin en concert parce que nous refusions régulièrement d'être filmés ou de passer dans des shows TV, après 1969. Nous avions décidé de nous concentrer uniquement sur la musique et de bypasser tout le reste. Nous refusions même de sortir des singles. Après la fin du groupe, j'étais resté persuadé qu'il n'y avait pas de concert filmé en dehors de The Song Remains The Same, tourné à Madison Square Garden en 1973. Alors quand Jimmy Page a retrouvé ces documents, en particulier le concert du Royal Albert Hall de 1970, je savais qu'il fallait absolument les sortir.

Est-il juste de dire que c'est un projet monumental ?

JPJ : C'est exactement cela, un projet monumental qui a demandé du temps et du travail. Un peu plus d'un an, avec des rencontres ponctuelles entre nous pour décider de la couverture, ce genre de choses. Jimmy Page s'est occupé de la recherche et de la production, il a travaillé avec le réalisateur Dick Carruthers (Who, Rolling Stone, Oasis). Ils ont passé en revue les vidéos bootlegs, et ont pris des élements de chaque version pour arriver au résultat final qui inclut le Royal Albert Hall, Madison Square Garden 1973, Earl's Court 1975, et Knebworth 1979. Dans les bonus DVD, il y a un passage où l'on voit les boites de films 16mm de l'Albert Hall dans l'état ou elles ont été retrouvées, couverts de poussières. Le travail de restauration a été long. Jimmy a aussi beaucoup travaillé sur le son qui est en 5.1, et il a utilisé des effets Sensurround sur certains titres. Le résultat est étonnant, depuis le moment où nous montons l'escalier qui mène à la scène du Royal Albert Hall, juqu'à la dernière image ou l'audience chante l'hymne de football You'll never walk alone alors que nous quittons la scène de Knebworth.

Il y a aussi un triple CD audio qui sort en même temps, intitulé How The West Was Won ...

JPJ : Ce sont nos concerts californiens du L.A. Forum et de Long Beach en 1972, et ils ne font pas partie du DVD, ce sont des entités séparées. Là encore, nous avions totalement oublié que ces shows avaient été enregistrés, si nous même nous l'avons su un jour ! Le son est très bon et le groupe était en pleine forme. à ce moment, à la fin de la tournée US. Le répertoire est celui de 1972 avec Black Dog dont j'avais suggéré le riff à Jimmy Page, Dancing Days, That's The Way... Nous étions vraiment chauds, nous pensions que nous étions les meilleurs; et le son est remixé en 5.1 également. Quand je l'ai fait écouter à des amis, ils ont tous immédiatement eu ce genre de sourire impossible à effacer, et c'est ce qui m'a inspiré l'idée du titre How The West Was Won, d'après un western classique que j'ai dans ma collection de films.

Il y a un long passage acoustique dans ces show californiens de 1972 sur le triple CD, tout comme dans ceux d'Earl's Court sur le DVD. Peux-tu nous en parler ?

JPJ : C'était une sorte d'entracte pour nous sur scène, on oubliait l'attitude hard-rock pour jouer Going To California, That's the Way ou Bron-Y-Aur Stomp. Nous avions des chaises alignées au bord de la scène et on sortait les instruments acoustiques. Jimmy Page et Robert Plant devaient juste s'asseoir et jouer, mais pour moi c'était toujours un supplément de travail pour installer ma mandoline, ma contrebasse électrique, et il fallait aussi que je chante, que je fasse attention au placement de mes micros, que je change d'instrument une demi-douzaine de fois. Pour tout compliquer encore plus, je jouais la basse avec un pédalier sur certains morceaux acoustiques et je devais m'assurer qu'il était à porté de mes pieds, je n'avais pas vraiment le temps de laisser mon esprit vagabonder dans les nuages !

Quels sont tes souvenirs des concerts du DVD ? Le Royal Albert Hall ?

JPJ : Nous venions de finir notre tournée américaine et les deux premiers albums de Led Zeppelin étaient dans les charts. C'était alors notre plus grand concert en Angleterre, jouer au Royal Albert Hall est une grande réussite pour tout groupe anglais ! Nos familles étaient invitées, mes parents étaient présents, nous étions à l'aise, sur notre territoire, et je pense que c'est notre meilleur concert filmé. La BBC devait en tirer un documentaire en 16mm qui ne s'est jamais fait, et les bobines ont ensuite sombré dans l'oubli jusqu'à ce qu'elles soient redécouvertes. Pour ce concert, j'utilise ma Fender Jazz Bass et des amplis Acoustic avec des baffles 2x15. Le solo de batterie de John Bonham sur Moby Dick est étonnant.

Qu'as-tu ressenti en revoyant John Bonham en action ?

JPJ : C'est saisissant, j'ai l'impression d'être à nouveau à côté de lui sur scène. Tu sais, il ne s'agissait pas d'une figure de rhétorique quand nous disions qu'il ne pouvait pas y avoir de Led Zeppelin sans lui. Il était vraiment le seul à pouvoir jouer ainsi, à n ous insuffler le rythme. Bonzo était le rêve pour un bassiste, il n'était pas seulement batteur mais aussi musicien, il savait vraiment ce qu'il faisait et il savait aussi nous écouter et varier son jeu en fonction du notre. Il avait vraiment le feeling, beaucoup d'âme, et il était toujours drôle, plein d'humour et généreux. Bon, il avait des moments où il agissait comme un maniaque, mais c'était également vrai pour Jimmy, Robert et moi ! C'était une joie d'être avec lui sur scène, j'adorais jouer avec lui !

Les shows de Madison Square Garden 73 sont ceux du film The Song Remains The Same ?

JPJ : Ce sont des versions alternatives de Black Dog, Misty Mountain Hop, Since I'v Been Loving You et The Ocean. Je me souviens que nous avions fait une tournée des stades aux USA, avec notre avion personnel, et lorsque je me suis retrouvé sur la scène, j'ai pensé que le Madison Square Garden était vraiment petit comme un club, comparé aux arènes où nous venions de jouer. Aussi, nous avons joué sept soirs de suite et les spectateurs des vingt premiers rangs étaient les mêmes chaque soir. Nous venions juste de finir l'album Physical Graffiti ... [ note de zepablo : là il doit se planter et confondre avec Houses Of The Holy :^) ]

Les concerts de Earl's Court ?

JPJ : La première chose dont je me souviens est que j'avais fait installer sur scène mon piano Steinway. Les roadies du groupe étaient venus le chercher chez moi, dans mon salon. Immédiatement après les concerts, je l'ai envoyé chez Steinway pour qu'ils le révisent et l'accordent. Je l'ai utlisé sur No Quarter. Earl's Court est un hall de foire en réalité, et je suis étonné de la qualité du son de In My Time Od Dying ou Stairway To Heaven. Là encore, nous en savions pas où avaient disparu ces bobines, jusqu'à ce que Page les retrouve.

Parlons du festival de Knebworth 79 ...

JPJ : La situation était différente pour le groupe, Robert avait eu des problèmes, il avait perdu son fils, Karac, et nous n'avions pas joué depuis presque deux ans, alors nous étions tous très tendus et cela se sent sur le premier titre, Rock and Roll. Mais l'acceuil du public a été tel que nous avons vite retrouvé la joie de jouer ensemble, tu peux le voir sur nos visages. Je joue sur une basse Alembic Custom fabriquée par Rick Turner, avce des amplis Gallen Krueger et des baffles Big Vega Custom. J'avais aussi un synthétiseur monumental, un Yamaha GX-1, The dream machine , qui était plus fait pour écrire les arrangements que pour les jouer. Je l'avais acheté après avoir vu que Stevie Wonder en utilisait deux. C'est celui que tu entends dans le DVD sur Kashmir. Ce synthé a d'ailleurs joué un rôle de premier plan dans la composition des titres de l'album In Throught The Out Door. Robert et moi sommes venus les premiers en studio pour les répétitions et quand les autres sont arrivés, nous avions écrit la majeure partie de l'album à trois, Robert, moi et le GX-1 ! In The Light et Kashmir ont été écrit ainsi. Par la suite, j'ai revendu le GX-1 à Keith Emerson et j'ai comblé le vide qu'il laissait dans mon salon avec un canapé-sofa aux dimensions également imposantes.

Il y a des bonus sur le DVD, vos rares apparitions télévisées de 1969 au Danemark et en France, alors que JImmy joue encore sur la Telecaster avec laquelle il a enregistré le premier album de Led Zeppelin. Pourquoi avez-vous ensuite décidé de ne plus faire de télévision ?

JPJ : C'est très simple, nous refusions de nous conformer aux normes imposées à l'époque par les shows TV. Il ya d'abord un mini-concert en noir et blanc à la télévision danoise. Nous avons accepté de la faire uniquement parce que le public étaiot composé de jeunes étudiants. Tu remarqueras que les titres sont plus courts, après chaque concert nous nous disions qu'il fallait diminuer la longueur des morceaux. Nous prévoyons de jouer une heure et le concert durait plus de deux heures à cause des improvisations ! Ensuite nous avons participé, en France, à l'émission Tous en scène . Nous avons joué Communication Breakdown après le numéro d'un comédien et juste avant une fanfare. Pendant notre titre, les sonorisateurs ont soudainement baissé le volume du micro de Robert Plant, ce qui a déséquilibré le son général du groupe. Après cela nous avons décidé de ne plus faire de télévision, nous refusions que Led Zeppelin soit présenté ainsi.

Penses-tu qu'il y ait un futur pour un reformation éventuelle de Led Zeppelin ?

Une chose est certaine, nous n'allons pas nous réunir et jouer en concert pour promovoir un DVD enregistré trente ans plus tôt, ce serait ridicule ! Nous allons attendre de voir l'impact du DVD et du triple CD et s'il il y a lieu, ensuite, faire quelque chose de nouveau, qui sait ? Pour l'instant nous faisons des voyages de promotion et des interviews tous les trois, mais séparement, en France, Allemagne, Angleterre, puis aux USA et Japon. C'est inhabituel de voir quelque chose de cette magnitude sortir du camp Led Zeppelin et nous sommes excités par cette idée.

Qu'as tu fait en solo récemment ?

Après mon cd instrumental de 2000, Zooma, et la tournée qui a suivi, dont un concert à Paris, au Bataclan, j'ai enregistré l'album Thunderthief en 2002, des instrumentaux et quelques chansons aussi.